Au Loup !
Si vous passez un soir par nos grands bois
L’écho vous dira des rumeurs lointaines,
Des cris affolés de bêtes aux abois
Dominant la chanson de nos vieux chênes.
Et, tout tremblants de soudaines terreurs,
Vous entendrez alors les refrains rudes
Des éternels errants, des loups hurleurs
Peuplant nos grandioses solitudes.
Au loup! Au loup! Nous passons, garde à vous.
Du sang frais et chaud sur nos museaux roux.
Nous passons, longue échine et pattes grêles
Les flancs fumants pailletés d’étincelles.
Nous passons, horde à jamais vagabonde
Notre repaire, c’est la mappemonde,
Notre toit, l’azur de l’immensité
Notre grand amour c’est la liberté (bis)
Au loup! Au loup! Au loup!
Car nous l’aimons notre libre destin
De fils de forêts vingt fois séculaires.
Ignorant le but, l’ordre et le chemin,
Nous aimons nos étangs et nos rivières,
Les ruisselets chantant de nos vallons
Où le corail des vermeilles bruyères
S’unit aux genêts d’or, bouquets wallons
Dans les massifs odorants des fougères.
Quand les chacals, un jour, audacieux,
Osèrent franchir nos forêts natales,
Bien des louveteaux, soudain furieux
Se dressant face aux chocs, face aux rafales,
On su verser un vieux sang généreux
Et nous croyons voir leur tombe immortelle
A ce chant fier mais douloureux
Tressaillir en la terre maternelle.